Biographie de Nicolas Copernic (1473 - 1543)

 

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F. S.

Nicolas Copernic naît à Turm (Pologne) en 1473.

Orphelin, il est élevé avec ses frères par son oncle Lucas Watzenrode, un prélat de haut rang. A 18 ans il rentre à l'excellente université de Cracovie, où le cursus normal comprend:

Trivium : Grammaire, dialectique, rhétorique
Quadrivium : arithmétique, géométrie, musique, astronomie

A 22 ans, pas encore diplômé, il se rend à l'université de Bologne, pour y étudier le droit canon et civil. En réalité il s'intéresse beaucoup à l'astronomie, et il loge chez un astronome réputé, Domenico Maria Novara, .

A cette époque, son oncle, devenu évêque de Warmie, lui obtient une charge de chanoine, bien rétribuée, à Frombork (Frauenberg).

En 1500 Nicolas se rend à Rome pour le jubilé d'Alexandre VI, et y donne quelques conférences.
L'année suivante, il se présente devant le chapitre de Frombork, et demande une permission de deux ans pour étudier la médecine à Padoue.

Deux ans après il doit rentrer, et, comme il n'a toujours pas de diplôme, il s'adresse à l'université de Ferrara pour être proclamé docteur en droit canon.

Rentré en Pologne en 1503, Il accompagne pendant quelques années son oncle dans ses voyages diplomatiques, puis il délaisse la carrière ecclésiastique pour rentrer à Frombork et se dédier à ses études.

A part une lettre de six pages, envoyée sans titre à un ami vers 1512, où il décrit sa nouvelle vision du cosmos, il ne publie rien pendant trente ans.
(Sa lettre, recopiée et nommée Commentariolus - petit commentaire - parvient quand même à plusieurs savants et gouverneurs de l'Europe du Nord).

En 1539 un jeune mathématicien allemand, Georg J. Rethicus, se rend chez Copernic, alors âgé de 66 ans.

Au bout de 10 semaines, saisi par la beauté de la nouvelle astronomie, Rheticus publie sous forme de lettre à un ami (Johannes Schönberg) Narratio Prima, c'est à dire un avant-goût de l'oeuvre de Copernic (anonyme en 1540, l'oeuvre sera rééditée signée en 1541).

Outre Rheticus, tous les amis de Nicolas^^ le pressent désormais de publier son travail. Copernic y passe deux ans, et le six livres

De Revolutionibus Orbium Celestium

paraissent en 1543 au moment de sa mort.

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Les amis de Copernic, outre Rheticus:

L'évêque de Chelmno, Tiedemann Giese
Le cardinal de Capoue, Nicolas Schönberg
Le chanoine Bernard Wapowski, collègue d'études, secrétaire du roi de Pologne. Il diffuse les écrits de Copernic dans les cours d'Europe du Nord.

Dans sa Narratio Prima Rheticus dira que Copernic explique :

Le nombre des sphères célestes
La distance des étoiles
Le rôle dominant du Soleil
La place et les cercles des planètes
La longueur constante de l'année
La connaissance des points équinoxiaux et solsticiaux
Enfin, de la position et mouvements de la Terre

Grâce à Rheticus, protestant, l'accueil de l'oeuvre de Copernic en milieu reformé fut aussi bon que dans le milieu catholique. C'est après le Concile de Trente, qui dure de 1545 à 1568, que les choses s'enveniment, et que les quelques passages de la Bible qui parlent d' "arrêter le Soleil" deviendront un sujet de disputes.

L'oeuvre de Copernic - caractéristiques

La préface anonyme
Andreas Osiander, à qui Rheticus avait confié la publication du De Revolutionibus, ajoute de son propre chef une préface anonyme expliquant que la théorie copernicienne est une hypothèse mathématique commode, qui ne saurait décrire les mouvements réels du système du monde.

La préface de l'auteur
On dit que Copernic diffère la publication de son oeuvre par crainte des réactions de la hiérarchie catholique... Il est au contraire conscient que sa théorie, incomplète, n'est pas à l'abri d'objections faciles.
Dans sa préface, adressée directement au pape Paul III, Copernic montre un tout autre caractère que celui d'un petit chanoine craintif.
[ Et le concile de Trente n'a pas encore eu lieu... ]

Dans le nouvel ordre des planètes autour du Soleil selon Copernic, il y a un semblant de relation entre leur distance estimée du Soleil et les périodes de révolution :

Mercure,
Vénus,
Terre,
Mars,
Jupiter,
Saturne,

88 jours
240 jours
365 1/4 jours
2 ans
12 ans
30 ans

[ Kepler en tirera sa 3ème loi ]


Explication de Rheticus : puisque le Soleil est la "source" du mouvement, il est logique que les planètes les plus proches accomplissent leurs orbes plus rapidement.

On comprend ensuite pourquoi les planètes "internes" (entre la Terre et le Soleil) n'ont pas de "stations et rétrogradations" aussi apparentes comme les planètes externes.

Copernic n'ose pas affirmer que la sphère des étoiles est infinie, mais en tout cas elle est beaucoup plus vaste que celle du cosmos de l'antiquité.

Les qualités du système de Copernic :

" C'est la première tentative de modifier le système géocentrique (de Ptolémée) depuis quatorze siècles.
" Il réfère les coordonnées des planètes aux étoiles "fixes", alors que Ptolémée s'était référé à l'écliptique (à la ligne des équinoxes), qui bouge avec le mouvement de précession de l'axe terrestre.
" Il règle d'un coup la question des mouvements très compliqués du Soleil. (Explication: la Terre est animée de nombreux mouvements - rotation, révolution, précession, nutation, ...- Si l'on considère la Terre comme immobile, le mouvement du Soleil ne peut qu'être extrêmement compliqué).
" Il réalise que les étoiles doivent être très, très éloignées, parce qu'on ne décèle dans leur cas aucune parallaxe ("autant les dimensions de la Terre sont négligeables par rapport à la distance Terre-Soleil, autant la distance Terre-Soleil est négligeable par rapport à la distance des Etoiles").
" Si l'on accepte que la Terre bouge, on dispose d'une base de mesure (base de "triangulation") pour évaluer les distances des autres astres (sauf les étoiles).
" Les épicycles, sans besoin d'équants, sont petits et servent seulement à rendre compte de l'écart entre le mouvement circulaire et le mouvement réel qui est elliptique.

Les insuffisances du système de Copernic.

- Le système n'est pas centré sur le Soleil*, mais sur le centre de l'orbite de la Terre; comme cette orbite est une ellipse (même si elle est peu excentrique), toutes les orbites des planètes s'en trouvent faussées.
* puisque il manque l'idée de la "cause" des mouvements célestes.
- Copernic ne démontre pas que la Terre tourne sur elle même...
- En changeant la cosmologie, Copernic détruit les bases de la physique. Celle d'Aristote a certes des faiblesses et des points obscurs, mais elle forme un ensemble complet et cohérent. Ce sera aux successeurs de Copernic de reconstruire un "système":

Galilée, les lois du mouvement
Kepler, lois empiriques des mouvements célestes
Huygens, lois de la force centrifuge pour les mouvements circulaires
Newton, synthèse du tout : lois de la dynamique*, gravitation universelle et mécanique céleste.

*Dynamique: détermination des mouvements à partir des forces en jeu.

- Copernic utilise encore les sphères corporelles, et les mouvements circulaires uniformes postulés par Aristote - avec les déférents et épicycles de Ptolémée! Il faut dire que Galilée, pourtant contemporain de Kepler et contempteur d'Aristote, semblera toujours croir que les planètes se déplacent sur de cercles.
- La "mécanique" de son système est encore celle de Ptolémée.
- Copernic justifie son système par des arguments philosophiques, plutôt que scientifiques, par exemple:

Un Dieu mathématicien ne peut qu'utiliser des courbes parfaites, des droites et des cercles, donc les orbites des astres sont des cercles.

Entre un petit cercle (l'équateur) et un grand cercle (l'orbite du Soleil autour de la Terre) il est logique que ce soit le plus petit qui bouge ("Dieu est économe: "Il est préférable de mouvoir le plus petit, l'équateur, que le plus grand, l'écliptique").

- L'oeuvre de Copernic n'est pas à la portée des astronomes moyens et encore moins des astrologues :il est bien plus pratique pour ceux-ci d'utiliser des tables, comme les tables Alphonsines, avec les excellentes instructions de Jean de Saxe.
- Les tables astronomiques ébauchées par Copernic ne sont ni plus précises, ni plus simples à utiliser que celles existantes. De plus, l'oeuvre de Copernic ne bénéficie pas de "mode d'emploi" comme l'épitomé de l'Almageste que Regiomontanus venait de publier.

Un astronome habile calculateur

Les tables astronomiques de Copernic n'auraient certes pas assuré le succès de la théorie héliocentrique, sans l'oeuvre de quelqu'un de taille à se plonger dans le très cryptique De Revolutionibus et à en amender les défauts.
E. Reinhold est le premier à rédiger en 1551 des tables astronomiques fondées sur le De Revolutionibus.
Commanditées par l'empereur, et sous le nom de Tables Pruténiques ("de Prusse"), elles détrônent rapidement les Ttables Alphonsines et font beaucoup pour la diffusion de l'héliocentrisme et pour la renommée posthume de Copernic.

Ironie du sort, Reinhold n'est pas un héliocentriste enthousiaste.



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