[ Histoires ]
La poisse de bons élèves.
Partons d'une hypothèse, facile à
formuler et accepter : que dans une classe moyenne d'une école
moyenne il y ait un tiers de bons élèves, un tiers ni bons ni
mauvais, et un tiers de mauvais élèves.
Parions qu'une bonne fraction des
mauvais élèves n'en ait rien à branler de l'école, des professeurs
etc.
À eux seuls, ils vont mettre à bas le profit de la classe, le moral
des profes-seurs, la discipline, voir la sécurité dans leurs
établissement.
Or, sauf des rares exceptions, l'école
publique est aujourd'hui obligée de garder jusqu'au terme des études
tous les élèves, les bons, les médiocres, et même les plus mauvais.
Tout s'en ressentira : le niveau de
l'apprentissage, les livres de texte, la motivation sinon le niveau
des professeurs, la renommée de l'établissement, et, pas dernier, le
potentiel de profit de bons disciples.
Posons nous une autre question : quelle est l'équipe sportive,
l'entreprise commerciale, et plus en général le groupe d'activité
qui calibrerait sur les performances du moins bon celles de toute
l'équipe?
Quel responsable ferait le choix
d'amener son équipe à l'échec dans le temps le plus bref possible (à
moins d'être le directeur de UBS ou Swissair) ?
On comprend alors le succès de
l'enseignement privé, comme seule solution ouverte à des parents et
à des jeunes désireux d'apprendre.
Oui, mais voilà : l'école privée est chère, même très chère (essayez
à Londres, pour voir).
Quid alors de l'égalité des chances ?
De la démocratie, qui devrait offrir à tous le jeunes une
possibilité d'instruction et réussite dans la vie en fonction de
leurs capacités et ténacité, et non pas de la richesse de leur
famille ?
On le voit encore une fois : les vrais démocratiques ne sont pas
ceux qui se clament tels, et couvrent de leurs hurlements la voix de
la raison.
Le résultat ressemble à celui de (trop) nombreuses lois à protection
des locataires de logements. En partant d'un principe louable, et
par un excès de zèle, on finit par sortir l'effet opposé: les
propriétaires, découragés devant les impayés, les dégradations, les
lenteurs légales, finissent par ne plus louer du tout.
Ou alors seul les familles aisées
peuvent trouver domicile. D'où les grandes lamentations pour les
logements inoccupés.
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PS Les mauvais élèves eux
mêmes garderont de l'écolage un sentiment d'échec, un dégoût pour
l'étude et l'effort; peut être raterons-t-ils aussi la possibilité
de découvrir pour quelle autre activité ils auraient été taillés.
D'accord, ce n'est pas aux
professeurs de lycée d'apprendre comment gérer un commerce ou se
former à une activité artisanale.
Mais est-il impensable d'inviter quelques bons professionnels à
expliquer à une classe les attraits, les difficultés et les voies
d'apprentissage de leur profession ?
Peut importe qu'ils soient charcutiers, plombiers, couturiers ou
même footballeurs, s'ils peuvent susciter une vocation.
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Curieux comme à une
époque où les gens ont toutes les possibilités et le temps pour
être mieux informés, et comprendre ce qui se passe, tout le
monde se plaint de certains effets pervers et au même temps
personne ne veuille voir ou s'atta-quer aux causes.
Nous retrouverons la même attitude quand il s'agira du CO2 et du
réchauf-fement de l'atmosphère.
" Voilà, j'ai encore été politiquement incorrect ! "
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